Michael Biquet
„Qui veut comprendre l’œuvre multiforme de Michaël Biquet doit prendre en compte son parcours qui comprend une formation de peintre ornemaniste associée à un talent de peintre de chevalet.
D’un point de vue ornemental, on voit apparaître une double influence. La première lui vient de sa Belgique natale : Michaël Biquet laisse en effet transparaître dans ce domaine une maturation du style art nouveau de Horta à travers des jeux d’arabesques, symétrisés ou non. Il lui associe de façon antinomique un goût évident pour certaines conceptions classiques, tantôt empruntées au vocabulaire ornemental de l’Époque impériale, tantôt à celui revisité du Second Empire.
Sa solide formation dans l’art du trompe-l’œil lui donne un goût prononcé, non seulement pour l’imitation des matériaux précieux ou non, mais aussi un véritable talent dans le rendu des couleurs complexes, obtenues par des jeux délicats de glacis associant des couleurs parfois inattendues. Certains décors sont prétextes à des paysages simulés pouvant comporter des personnages ou des êtres du monde vivant utilisés comme ornements, et qui révèlent son savoir-faire en matière de portrait, notamment animalier.
En tant que portraitiste, justement, l’artiste utilise la même dualité. Ainsi, ses portraits peuvent-ils être enrichis de parties consacrées à la matière elle-même : cadres simulés ou fenêtres destructurées qui détourent le sujet s’associent, le plus souvent, avec la psychologie de ce dernier. Allant plus loin encore dans cette démarche, c’est la matière qui peut elle-même devenir sujet du portrait. Ceux consacrés aux poupées, ou de façon encore plus convaincante, aux objets inanimés, illustrent ce propos. La série des portraits de sièges tente de dévoiler dans cette optique la « psychologie » du meuble. Objets inanimés avez-vous donc une âme ? C’est la question à laquelle l’artiste se propose de répondre, fort de son expérience de portraitiste animalier. N’y a-t-il pas en effet déjà matière à s’interroger face à la représentation d’un groupe de pélicans, dont les yeux doivent rappeler le caractère profond, à leur propriétaire qui a commandité le tableau ?
L’œuvre de Michaël Biquet synthétise donc la dualité de l’artiste entre peintre d’ornement et peintre de chevalet, dans la tradition des peintres des XVIIème et XVIIIème siècles. Il y ajoute son questionnement sur la part de mystère de la vie qui anime ou non les sujets de la création. La peinture est un art unique qui ne doit pas être démembré.“
François Quéré – Historien de l’Art & Expert en Mobilier, Tableaux et Objets d’Art